Burkina Faso : Colloque international sur les mutuelles de santé

Colloque international – Ouagadougou

Organisé par l’ONG Asmade, sous la présidence du Ministre burkinabè de la Fonction publique, du Travail et de la Sécurité sociale, Apollinaire Soungalo Ouattara, un colloque international sur les mutuelles de santé et assurance maladie universelle s’est tenu le 20 septembre 2011 à Ouagadougou. ACP y était, dans la délégation belge emmenée par l’ONG Solosoc et la plateforme du mouvement mutualiste belge. Depuis plus d’une dizaine d’années, des initiatives en matière de protection sociale voient le jour au Burkina Faso et c’est en 2008 que l’État burkinabè a décidé d’initier un projet de mise en place d’un système national d’assurance maladie. Dans ce cadre, un Comité de pilotage national regroupant les départements ministériels et la société civile a été mis en place pour orienter les actions du Secrétariat Permanent et valider les rapports d’études. En vue d’assurer une meilleure prise en compte des préoccupations des communautés à la base, sous l’initiative de l’ONG Asmade, le Cadre de Concertation des Structures d’Appui aux Mutuelles de santé (CCSAM) a lancé des actions de plaidoyer en collaboration avec la plateforme MAS/Mut, mouvement mutualiste belge. Ces actions visent à interpeller les gouvernants pour qu’ils accompagnent la consolidation des mutuelles et leur permettent ainsi de jouer leur partition notamment dans l’extension de l’AMU auprès des populations des secteurs non structurés et ruraux. La rencontre était une action forte de plaidoyer à l’endroit des autorités politiques, des partenaires techniques et financiers, mais aussi de visibilité et de promotion pour le mouvement mutualiste. Elle a par ailleurs également permis de partager avec les participants le rôle des mutuelles dans l’extension de la protection sociale en Belgique et de formuler des propositions d’actions à mener par les autorités burkinabè et les partenaires techniques et financiers pour une meilleure prise en compte du mouvement mutualiste dans les politiques nationales de santé et de protection sociale en général et de la mise en place de l’Assurance Maladie en particulier. Retrouvez ci-dessous le texte de la Déclaration de Ouagadougou adoptée à cette occasion.

En plus de sa participation au colloque international et des nombreuses rencontres organisées avec divers ministres et représentants d’organisations internationales telles que la Banque mondiale ou l’Organisation mondiale de la Santé pour ne citer qu’elles, la délégation belge a visité des actions de terrain et rencontré la population de la commune rurale de Komsilga dont le maire est un chaud partisan des mutuelles de santé. De sa rencontre en août dernier au Sénégal, avec Lobé Cissokho, Présidente de la mutuelle de santé Oyofal Paj de Kaolack (également présente à Ouagadougou) et de sa participation au colloque de Ouagadougou, ACP ressort convaincu qu’en prenant exemple sur les intiatives menées au Sénégal, au Burkina mais aussi au Rwanda où les pouvoirs publics ont massivement soutenu le mouvement mutuelliste, d’autres pays africains gagneraient à mettre en place et soutenir le développement des mutuelles de santé. À suivre.

Pour plus d’informations, retrouver ici notre analyse: Le mouvement mutualiste et les politiques nationales de santé et de protection sociale au Burkina Faso

Ousmane Diadié Haidara, Banque mondiale - Dimitri Verdonck, ACP

Dimitri Verdonck, Président d'ACP - Alain Coheur, Président de Solsoc

Adrien Théâtre, Ambassadeur de Belgique - Alain Coheur, Président de Solsoc - Juliette Compaoré, Présidente d'Asmade - Dimitri Verdonck, Président d'ACP - Jean-Baptiste Ouedraogo, Ancien Président du Burkina Faso - Ali Deberkale, Directeur d'ACP

Lobé Cissokho, Présidente d'Oyofal Paj - Ali Deberkale, Directeur d'ACP

Adrien Théâtre, Ambassadeur de Belgique au Burkina Faso

Ali Deberkale, ACP - Lobé Cissokho, Oyofal Paj

Komsilga
Dispensaire de Komsilga

Mairie de Komsilga

Musée national du Burkina Faso

Musée national du Burkina Faso

Ali Deberkale, ACP (Musée national)

Lobé Cissokho - Ali Deberkale

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LA DÉCLARATION DE OUAGADOUGOU

Communiqué de presse

 

Le colloque « Mutuelles de santé et assurance maladie universelle » qui vient de se réunir à Ouagadougou ce 20 septembre 2011 à l’initiative du Cadre de Concertation des Structures d’Appui aux Mutuelles de Santé (CCSAM) a réuni près de 300 participants mutualistes du Burkina mais également d’autres pays africains et de Belgique pour aborder et approfondir le thème de la place et du rôle des mutuelles de santé dans le schéma d’assurance maladie universelle

Ayant constaté que :

  • la santé est au cœur des préoccupations du gouvernement et une priorité réaffirmée qui vise la réduction de la pauvreté,
  • la santé est un droit humain fondamental et que chacun a droit a l’accès à des soins de qualité et abordables financièrement,

Au terme de ce colloque, les participants :

Rappellent que les mutuelles de santé sont des organisations de  personnes à finalité sociale et non lucrative. Elles se caractérisent par l’autonomie de gestion, l’absence d’un actionnariat et l’indépendance à l’égard des pouvoirs publics. Le contrôle démocratique de leur fonctionnement est exercé en priorité par le biais de leurs administrateurs élus. L’autonomie et la structure démocratique garantissent le dynamisme et le réajustement permanent des services en fonction des besoins réels. La participation des usagers (empowerment) étant un élément clef de la politique interne des mutuelles de santé.

Considèrent que le développement des mutuelles de santé dont l’objectif principal est l’amélioration de l’accès de tous à la santé doit être basé sur les principes de solidarité, de justice sociale, de non-exclusion et de non lucrativité.

Considère que l’objectif de couverture universelle ne peut être atteint sans une réelle volonté politique au plus haut niveau de l’Etat et sans l’intervention financière de l’Etat qui doit être garant de la solidarité nationale et de l’offre de soins de qualité notamment la disponibilité des médicaments, le renforcement des infrastructures sanitaires et la disponibilité du matériel médico-technique.

Considère que pour les mutuelles de santé chacun doit participer en fonction de ses capacités financières et doit bénéficier des prestations selon ses besoins, les indigents devant pouvoir ressortir d’un fonds national spécifique.

Considèrent que la mise en place de politiques incitatives est indispensable pour permettre aux structures mutualistes d’évoluer dans un cadre législatif adapté qui doit être mis en place dans les plus brefs délais et en conformité avec la législation sur les mutuelles sociales de l’UEMOA.

Considèrent que : la couverture universelle est un objectif fondamental qui repose sur un consensus national qui implique la pleine collaboration et consultation des organisations mutualistes et ne peut être atteint que par la mise en place de mécanismes de financement solidaire, durable et diversifié (une taxation innovante et acceptable).

Considèrent que si les mutuelles de santé constituent bien une réponse adéquate pour faire face et pour atteindre l’objectif de couverture universelle dans le pays alors elles doivent disposer d’un programme national en charge de l’appui aux mutuelles.

Considèrent que les organisations internationales dont la Banque Mondiale et les PTF doivent répondre aux différentes initiatives en cours et aux besoins d’extension des mutuellistes à travers un appui financier structurel. Ils doivent soutenir l’évolution, la finalisation et l’adoption d’un plan d’extension des mutuelles. Les PTF doivent s’accorder sur une vision commune et accompagner l’ensemble des mutuelles.

Considère que la montée en puissance des mutuelles de santé et leur pérennité passent par une professionnalisation accrue de la gestion du risque financier et dans le management ainsi que par un mode de gouvernance transparent et fiable nécessaire pour la confiance des membres. Ceci devrait passer par la mise en place d’un grand programme de formation à l’échelle nationale

Constate que si les mutuelles de santé ont un pouvoir potentiel et parfois réel de négociation avec les prestataires de soins, leur capacité à agir doit se faire sur base d’un véritable partenariat avec les structures de sanitaires sous la forme d’un cadre contractuel au niveau national, régional, communal. Cela doit également s’accompagner d’une meilleure compréhension par les agents de santé des objectifs poursuivis par l’assurance maladie universelle et des mécanismes mis en place dont font partie les mutuelles pour y parvenir.

Constate que les collectivités locales et territoriales doivent s’impliquer davantage dans les processus de mise en place des mutuelles.

Au terme de ce colloque,

Nous, demandons au gouvernement de prendre toutes les initiatives nécessaires

Pour, d’une part, la mise en place rapide du cadre général de l’assurance maladie universelle accessible pour tous,

et d’autre part assurer l’information, la promotion et le développement des mutuelles de santé par un cadre institutionnel et législatif clair et demandons aux organisations internationales et les PTF un engagement financer afin de répondre aux besoins de ce développement.

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