Djibouti : Dimitri Verdonck répond à l’avocat français du régime djiboutien

Dimitri Verdonck

Dans un entretien accordé à RFI dont il était l’invité Afrique le mercredi 04 septembre 2013, le président d’ACP asbl, Dimitri Verdonck, est revenu sur les graves violations commises à l’encontre des droits de l’Homme par le régime au pouvoir depuis 36 ans à Djibouti. Il en a profité pour souligner que « beaucoup d’observateurs considèrent M. Omar Guelleh comme un véritable voyou ». Le lendemain, l’avocat français du régime djiboutien, Jean-Claude Beaujour, réagissait par ces mots : « on ne traite pas un chef d’État de voyou ». Dans un premier temps, Dimitri Verdonck s’est dit satisfait d’avoir réussi à provoquer une réaction du président Omar Guelleh, « lui qui feint généralement l’indifférence et prend habilement garde à ne jamais citer publiquement ses détracteurs, même les plus respectueux« . Et d’ajouter qu’en choisissant de s’exprimer par la voix d’un avocat d’affaires, « M. Omar Guelleh montre clairement la confusion permanente qu’il commet entre le business et la gestion politique d’un pays ».

Au-delà de l’anecdote « d’un chef d’Etat piqué au vif », Dimitri Verdonck précise que la réaction inhabituelle de M. Omar Guelleh est révélatrice d’un climat délétère à Djibouti et qu’il faut s’attendre à ce qu’elle se répète, du moins tant qu’il restera dans le collimateur de l’opinion publique internationale de plus en plus inquiète de la dérive répressive de son régime. Il faut bien reconnaitre que les temps sont durs pour « un homme qui supporte très difficilement la critique et ignore tout de la liberté d’expression contre laquelle il se prémunit notamment par la terreur, l’absence de média indépendant et l’interdiction faite aux journalistes étrangers de se rendre à Djibouti ».

Pour Dimitri Verdonck, il est également important de remarquer que le chef de l’Etat djiboutien n’a surtout rien trouvé à redire quant au fond de son intervention à l’antenne de RFI. « J’en prends bonne note », a-t-il renchérit, « et je considère comme acquis le fait qu’en dehors de la mort suspecte de M. Mohamoud Elmi Rayaleh, le président Omar Guelleh assume désormais pleinement les exactions que j’ai évoquées et que lui prêtent les opposants, les défenseurs des droits humains et la communauté internationale présente à Djibouti ». Dont acte.

Pour revenir au fond des choses, Dimitri Verdonck a rappelé que le Parlement européen, de nombreux parlements nationaux démocratiquement élus, la Fédération Internationale des Défenseurs des droits de l’Homme (FIDH), Amnesty International, l’Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT), Reporters Sans Frontières (RSF) et la Fédération Internationale des Journalistes (FIJ), Human Rights Watch, la Confédération Syndicale Internationale (CSI-ITUC) ainsi que des dizaines de milliers d’opposants et de simples citoyens djiboutiens, considèrent que le président Guelleh s’est rendu coupable des faits suivants : détournements de fonds publics, enrichissement personnel illicite, harcèlement d’opposants, torture, meurtres, arrestations et emprisonnements arbitraires…

« Que l’actuel chef de l’Etat djiboutien soit ou non désigné par certains comme un voyou, un voleur, un assassin, un tortionnaire, un dictateur ou bien tout à la fois, ce n’est pas ce qui m’importe », a affirmé Dimitri Verdonck, laissant à l’intéressé et à son avocat d’affaires, le soin de choisir et de jouer sur les mots. « Ce qui m’importe« , a-t-il conclu, « c’est le caractère abjecte (les mots ne sont pas de moi mais de la représentante de l’ONU à Djibouti) de la situation dans laquelle se trouve la population djiboutienne aujourd’hui. Une population qui subit en plus une très sévère répression depuis qu’elle a osé voter massivement pour le changement à Djibouti, le 22 février 2013. Mon engagement aux côtés de la population djiboutienne me vaut des soucis depuis plusieurs années déjà. Ce ne sont pas les gesticulations d’un dictateur en fin de règne – j’opte définitivement pour cette appellation – qui vont m’intimider.  Plutôt que de se soucier de son image dans les media étrangers, le président djiboutien ferait mieux d’agir dans l’intérêt de sa population et d’autoriser les médias dans son propre pays. »

 

Les commentaires sont fermés.