Djibouti : retour à la case départ.

Ismael Omar Guelleh

Ismael Omar GuellehAprès deux ans de crise

Après bientôt deux ans de crise politique et plusieurs tentatives de négociations dans un contexte qui avait notamment valu au régime djiboutien une condamnation sévère du Parlement européen, les militants de l’opposition parlent de retour à la case départ. En effet, dans une interview diffusée la nuit dernière par la BBC somalienne, le président djiboutien Ismael Omar Guelleh est sorti d’un très long silence pour saluer, sans le nommer, la sagesse de son « meilleur ennemi » Ismael Guedi Hared. Avec lui, il serait enfin tombé d’accord sur les 17 revendications présentées par l’USN. À l’exception des modalités liées à la CENI, l’un des enjeux essentiels des prochaines élections présidentielles pour lesquelles le président Guelleh sait qu’il partirait perdant contre le candidat unique d’une opposition forte et unie. Pourquoi dès lors parler de retour à la case départ ? Tout simplement parce que celui que la population surnomme désormais le « président voyou » a précisé qu’aucun accord ne pourrait être conclu en dehors du parlement ! Or les députés élus de l’USN refusent précisément depuis deux ans de siéger au parlement… à moins qu’un accord satisfaisant ne soit conclu entre le régime et l’opposition. C’est donc bien un nouveau camouflet pour l’opposition pacifique dont la bonne volonté et la détermination tranquille n’apportent pas les résultats escomptés. En attendant le président Omar Guelleh gagne du temps. Il a déjà gagné deux ans. Il ne lui reste plus que 20 mois à tenir et à poursuivre son patient et insidieux travail de sape de l’USN. Sous les coups du régime, par ambition personnelle mal placée et paralysés par leur volonté de faire bonne figure et de montrer qu’un échec des négociations ne pourra pas leur être imputé, les leaders de l’opposition commencent d’ailleurs à perdre la seule chose qu’ils avaient réussi à créer avec leur unité : la confiance de la rue. Si l’opposition ne veut pas voir l’élection présidentielle lui passer sous le nez, il faudra bien un sursaut. Il faudra aussi que les leaders de l’USN retournent vers les militants avec humilité, avec un message clair et avec une stratégie lisible pour gagner les présidentielles et accompagner dignement la mobilisation populaire grâce à laquelle ces leaders commencent à exister politiquement depuis deux ans.

Le président d’ACP asbl, Dimitri Verdonck

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