Burundi : des sanctions ciblées pour tourner la page !

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Burundi, le 04 mai 2015

Ces dernières années, un certain nombre de personnes et d’associations ont déployé beaucoup d’énergie à convaincre les mandataires politiques européens de la nécessité de soutenir de toutes leurs forces la reconstruction du Burundi, pays ô combien fragile mais dont l’évolution pouvait légitimement susciter une forme d’espoir, même timide. Quelle tristesse de voir aujourd’hui tant d’hommes, de femmes et d’enfants pris en otage par les vaines aspirations et la volonté de puissance d’une minorité d’êtres abjects et corrompus. Si l’Union européenne (premier bailleur de fonds du Burundi) refuse de voir une nouvelle fois le pays sombrer dans le chaos – et elle doit le refuser catégoriquement – il est urgent qu’elle mette en place des instruments efficaces pour arrêter l’hémorragie. Le dialogue politique est une nécessité et lors de sa prochaine session, il faudra au minimum que le Parlement européen adopte une Résolution d’urgence sur les graves violations commises à l’encontre des droits humains et de la démocratie par le président Nkurunziza et les généraux qui l’entourent. Il faudra également que les États membres de l’UE entendent ce que le Parlement et à travers lui, 500 millions de citoyens européens leur diront. C’est nécessaire mais ce n’est pas suffisant. Il faudra aussi que l’UE et ses États membres mettent en place des actions concrètes et des instruments efficaces pour empêcher que le Burundi ne connaisse à nouveau une guerre abominable. Parmi ces actions, l’UE et ses États membres pourraient adopter des sanctions. Nous leur demandons de le faire sans attendre. Sans attendre de nouveaux morts, sans attendre une nouvelle plongée dans l’horreur et sans attendre qu’il ne soit trop tard. Nous leur demandons également de le faire avec discernement, autrement dit en visant exclusivement les intérêts financiers des dirigeants responsables de la situation actuelle, tout en continuant de fournir l’aide indispensable que les Européens apportent à la population burundaise. Ce langage est le seul qui ait quelque chance d’être entendu. C’est aussi celui qui devrait être tenu avec la République démocratique du Congo à la tête de laquelle Joseph Kabila, un ennemi de la raison et des droits humains les plus fondamentaux, fait peser les pires craintes sur une population, un pays et une région qui ont déjà tant souffert. C’est aussi ce langage qu’il faudrait tenir avec le Togo où Faure Gnassingbé vient d’être réélu pour un troisième mandat, malgré des élections largement sujettes à caution et une population qui manifeste massivement son mécontentement. C’est aussi ce langage qu’il faudrait tenir avec Ismaël Omar Guelleh qui refuse de tenir ses engagements en créant une CENI indépendante et ne pense qu’à briguer un quatrième mandat contre le souhait d’une très large majorité de la population en République de Djibouti. C’est aussi le langage qu’il faudra tenir avec plus d’une quinzaine de chefs d’États africains qui connaitront dans les mois qui viennent des élections présidentielles qui représentent une occasion de tourner la page avec des régimes et des pratiques d’un autre âge. L’avenir de l’Afrique appartient aux Africains, mais il appartient aux Européens de cesser de couvrir les agissements de dictateurs qui mettent cet avenir en péril.

Dimitri Verdonck, Président d’ACP asbl

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Burundi 04.05.2015

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Burundi 04.05.2015

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Burundi 04.05.2015

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